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Côte d’Ivoire/ Journée nationale de la paix : KEÏTA Amara s’adresse au Monde entier

  • novembre 18, 2023
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A l’instar des années antérieures, l’ambassadeur de la paix, Keïta Amara, profite de la date du 15 novembre 2023, consacrée à la célébration de la paix en Côte

Côte d’Ivoire/ Journée nationale de la paix : KEÏTA Amara s’adresse au Monde entier

A l’instar des années antérieures, l’ambassadeur de la paix, Keïta Amara, profite de la date du 15 novembre 2023, consacrée à la célébration de la paix en Côte d’Ivoire, pour adresser un message de pardon et de réconciliation aux Ivoiriens et au monde entier. Ci-dessous, l’intégralité de son adresse  aux Hommes Politiques et à la société civile.

« A l’occasion de la célébration de la journée nationale de la paix le mercredi 15 Novembre 2023, je souhaite la paix pour mon pays, à ses voisins immédiats, aux autres pays de l’Afrique et au reste du monde. Bonne fête à chacune et à chacun. La paix n’est pas un vain mot mais un comportement. »

Cette pensée forte de feu Félix Houphouët-Boigny indique clairement que la paix est d’une importance capitale pour la vie de l’homme et qu’elle dépend totalement de nous-mêmes et de nos relations avec nos voisins, nos semblables. Mais en Côte d’Ivoire sommes nous rigoureusement engagés sur la bonne voie? Autrement dit, pensons-nous que nos actes au quotidien concourent réellement à la recherche et au maintien de la paix dans notre pays?

Difficile d’y répondre. La paix ne se décrète pas par le verbe. Dans notre pays, on dénombre plusieurs milliers d’Ambassadeurs de paix selon la presse nationale. Oui, l’on assiste çà-et-là à l’organisation de cérémonies par des ONG, des associations et autres structures, pour distinguer des personnalités ivoiriennes au rang d’ambassadeurs de paix qui, en majorité n’ont aucune idée de leur rôle à jouer, mais qui ne défendent que les idéaux de partis politiques. On ne devient pas Ambassadeur de paix pour servir ses intérêts personnels ou ceux de partis politiques. Le statut d’ambassadeur de paix s’acquiert par mérite et non par complaisance. Le mérite ne s’achète pas. Il est reconnu par un organisme crédible sans rançon et valorisé par une distinction en guise de reconnaissance des actions concrètes posées en faveur de la paix. L’ambassadeur de paix ne doit tendre la main à personne, ni à un parti politique dans son action de paix.

Exiger d’une personne de l’argent avant de la distinguer ou d’un parti politique pour soutenir la distinction d’une personne est un acte de soumission, de condamnation du bénéficiaire à agir selon la volonté et le dictat du donateur. C’est pourquoi, ne devient pas ambassadeur de paix celui qui n’a pas de ressources financières propres. Si cette pléthore d’ambassadeurs de paix était des hommes et des femmes tous épris de paix, la Côte d’Ivoire serait un vrai havre de paix où aucune atrocité ne s’observerait. Mais il est indéniable que les populations ivoiriennes craignent toujours le retour de la violence dans leur pays. Les vrais ambassadeurs de paix, ceux qui sont épris de paix et qui ne sont donc pas à la solde de partis politiques, doivent conjuguer leurs efforts afin que, par des actes concrets et des messages de paix très forts, l’inquiétude des ivoiriens soit levée avant la tenue des prochaines élections présidentielles.

Soucieux de renforcer les acquis en matière de justice et de paix pour contribuer à un développement durable en Côte d’Ivoire et dans le reste du monde, je viens de créer la Fondation KEÏTA Amara pour la Justice, la Paix et le Développement. Je me réjouis également de l’avènement de l’Organisation Internationale du Développement Economique (OIDE) qui, ayant obtenu l’accord de siège, le 17 Août dernier, auprès du gouvernement Ivoirien, s’impliquera activement dans la prévention et la résolution des crises avec des programmes dédiés à la paix au sein des Etats-membres. C’est une réelle satisfaction personnelle que d’avoir intégré cette institution rattachée aux Nations-Unies en tant que Conseiller Spécial du Président Exécutif Mondial, Son Excellence Louis Koffi Laouré.

Je voudrais aussi en appeler à la bonne compréhension des hommes politiques, des Rois et Chefs traditionnels, des organisations de la société civile, de la presse, de la population dans son ensemble pour que chacune de ces franges de la société ivoirienne joue avec responsabilité sa partition pour asseoir une paix véritable en Côte d’Ivoire. Je voudrais surtout appeler à la bonne conscience de la jeunesse ivoirienne à ne pas se laisser instrumentaliser par les hommes politiques dans l’expression de leur ambition politique parfois meurtrière. C’est elle qui constitue la Côte d’Ivoire de demain. Elle a donc tout intérêt de créer entre elle les conditions d’une véritable cohésion sociale lui garantissant un avenir paisible, radieux, prospère et harmonieux.

Populations Ivoiriennes, évitons d’entreprendre ou d’encourager des manœuvres visant à empêcher l’autre d’obtenir ce que Dieu lui a pourtant accordé. Evitons de créer les voies visant à déposséder un individu d’un bien acquis honnêtement ou à vouloir le déboulonner d’une position sociale méritoire. Toutes ces pratiques mettent à mal la paix et freinent le développement. Armons-nous d’amour, de pardon, de tolérance et désactivons nos cœurs de rancœur, de calomnie et d’hypocrisie pour faire avancer notre beau pays, avec l’ambition légitime de le hisser parmi les pays véritablement développés au monde et où la paix sera consolidée comme une véritable religion. Tout le monde est concerné par le pardon en ce sens que personne n’est épargné par les blessures et toute sorte de meurtrissures. Les ruptures dans nos vies entraînent nécessairement des sentiments de désolation, d’abandon, d’isolement et de complexes variés. Des situations de blocages, de conflits intérieurs, sinon de tensions multiples existent en peu partout. Les relations entre amis, entre conjoints et entre membres de la même famille sont fortement impactées par la façon de réagir des uns et des autres. Certains ne veulent pas entendre parler de pardon; le pardon donné, le pardon reçu.

Pour d’autres, c’est de la pure comédie que de vouloir accepter le pardon après « tant de méchanceté, d’ingratitude, d’humiliation et de violence », on se sent blessé et agressé dans son intégrité la plus totale, surtout dans nos sociétés où l’humilité, la pauvreté du cœur est contre-nature et dévalorisante, ne pas réagir serait de l’infamie, une injure à soi-même, à sa tribu, à sa famille. Ce serait être réduit à l’état de sous-homme.

 « Les réflexes sont enfouis dans l’inconscient individuel ou collectif », reconnaître les facteurs déclencheurs fortement ancrés dans la mémoire tactile que la simple évocation du vocable « pardon » rend méconnaissable et semble détruire certaines personnes. Certes, il est tout à fait légitime et raisonnable de résister au pardon eu égard à la gravité de ce que nous avons subi ; Cependant, force est de constater avec stupeur que ceux-là mêmes qui ne veulent pas entendre parler de réconciliation sont ceux qui souffrent le plus dans leur âme et dans leur corps de diverses pathologies.

Quel avantage puis-je tirer de mon désir de rester accroché au passé, interprétant les moindres détails avec la plus grande attention? Que pourrait m’apporter cette envie incomparable de me venger pour tous les traitements subis ? « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous font du mal, ne rendez pas la pareille, pardonnez » Dieu a certainement ses raisons à faire valoir quand il instruit ses disciples sur l’urgence du pardon quelle que soit la nature de l’offense.

A l’analyse de tous ses propos sur le pardon, on a l’impression que l’identité de son disciple se mesure par la capacité à pardonner. « N’est mon disciple que celui qui est capable de pardonner », semble-t-il nous dire. Qui peut alors être ce disciple bien aimé dans le mesure où il situe le pardon au seuil même de l’inaccessible : pardonner, c’est aimer son ennemi, c’est donner sa vie pour lui. « Je dois pardonner à celui dont j’attends tant d’amour et qui ne me le donne pas. », quelle gageure ! Ceci étant, l’acte du pardon nécessite un véritable travail de deuil parce qu’il est tout un chemin de croissance, une dynamique de vie et d’amour. Je grandis en Dieu, je deviens mature au fur et à mesure que je me dispose au pardon. Dieu est pardon. Tout homme qui s’engage sur le chemin du pardon part à la rencontre de Dieu; Pardonner, c’est être en communion de vie avec le Seigneur. Vu sous cet angle mystique, le pardon devient alors un don de soi. Je dois renoncer à moi-même, à mon intérêt propre, à ce à quoi je tiens énormément et que je ne peux recevoir de l’autre parce que le Seigneur est au bout. II m’attend sur le chemin ou dans mon acte de pardon.

Dieu m’attend dans ce don de ma personne. Pour l’amélioration et l’excellence de mes relations avec le Seigneur, j’ai besoin de voir autrement les choses. Le pardon et la réconciliation (on n’en parlera jamais assez) conditionnent la nature de nos relations avec Dieu. C’est en quelque sorte ce qui nous fait exister devant Dieu et qui rend possibles nos échanges avec Lui. « Si donc tu viens à l’autel présenter ton offrande à Dieu et que tu te souviennes que ton frère a une raison de t’en vouloir, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord faire la paix avec ton frère, puis reviens et présente ton offrande à Dieu. » (Mt.5, 23-24).

Une âme disposée au pardon est simultanément disposée aux grâces divines. On peut certes avoir recours à de grands psychologues, à des spirituels et thérapeutes chevronnées, mais si le pardon n’est pas donné et accepté, il n’y a pas de paix véritable en soi- même, avec soi-même et avec Dieu. La résistance au pardon nous détruit insidieusement ; c’est pareil pour la culpabilité, la rancœur ou toute atmosphère de tension intérieure qui est considérée comme de véritables poisons de l’organisme. Les spécialistes de la médecine interne ne cessent de faire un lien entre la bonne santé physique et les dispositions intérieures. La paix intérieure ou la santé mentale contribue grandement au bien-être de la personne. Voilà pourquoi il ne sert à rien de soumettre l’organisme à des pressions exagérées à travers un cumul d’émotions ou des pensées hautement toxiques. Le premier pas à faire sur ce long et périlleux chemin de pardon consiste à renoncer à toute vengeance. On ne peut pas chercher à guérir et à croître en Dieu tout en surchargeant sa conscience d’un certain nombre de considérations suicidaires. La volonté de guérir exige un minimum de mécanisme de défense tel que le refus de s’encombrer de tout ce qui nous tombe sur la conscience.

La haine, la rancœur tuent. Elles ne laissent jamais l’organisme indifférent; c’est ainsi qu’elles sont à la base des lésions inexplicables. Un ami Suisse, très «versé dans la psychologie émotionnelle m’a appris comment certaines émotions négatives et la résistance au pardon étaient à l’origine de certaines formes de cancer et des maladies cardiovasculaires avec leurs complications respectives. Inutile d’évoquer les pathologies psychosomatiques qui sont les conséquences immédiates de tout ce qui ne va pas en nous. Dans mes activités de thérapeute, je réalise que la plupart des personnes que je reçois souffrent du fait que leur organisme ne supporte plus certaines pressions auxquelles il est soumis. Nous sommes souvent malades parce que nous ne supportons plus toute la haine et la rancœur accumulées durant de longues années. On parle de « cumul émotionnel ». C’est ainsi qu’en situation de désaccord, il est indiqué de faire en sorte à parvenir à une paix intérieure par tous les moyens, sans nécessairement se mettre la pression. Seul, Dieu est l’Auteur du pardon. Il ne faut jamais penser qu’on est capable de pardonner en s’appuyant sur ses propres forces. On risque d’être malade. Ce que le Seigneur attend de nous, c’est la volonté et le désir de pardonner même si les moyens nous font défaut. Le désir de pardonner n’est rien d’autre que le désir d’aller à la rencontre du Seigneur. C’est ainsi que Dieu regarde toujours avec un air particulier et intéressé tout artisan de pardon et de réconciliation au sein de la société des hommes.

 Une autre conséquence majeure du pardon- réconciliation n’est rien d’autre que la liberté ou la paix intérieure. En effet, pardonner la faute de son prochain ou se réconcilier avec un frère, c’est comme se décharger d’un fardeau ; on devient tellement léger et libéré qu’on a l’impression de renaître à la vie. C’est là aussi un des secrets de la longévité. Tout se passe en nous comme si le pardon était l’instrument qui nettoie l’organisme de toutes les toxines provoquées par le sentiment de vengeance et les rancœurs. Il rend en quelque sorte fluide la circulation du sang et aide énormément au repos des cellules et de l’organisme en général. On vit en parfaite sécurité, totalement libéré de tout , si on parvient à faire du pardon notre objectif premier. Empruntons à Jésus cette réflexion très évocatrice : « La lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux. Mais si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux ».Notre manière de regarder et de voir les choses conditionne notre état de santé. Nous nous rendons facilement malades par notre façon envieuse et mesquine de regarder le prochain. C’est dire qu’un nombre impressionnant de nos blessures passe aussi par le regard. Notre santé est dans notre façon de regarder. On ne peut pas avancer sur le chemin du pardon sans changer notre regard sur nous-mêmes et sur les autres. Il faut cesser d’entretenir délibérément des tensions intérieures. La manière dont nous regardons l’autre peut également être source de guérison ou de mort. L’œil sain est toujours associé au cœur ouvert, au cœur plein de miséricorde et d’empathie.

Au total, le pardon suivi de la réconciliation est une véritable force de guérison, de maturation et de sanctification. Il nous permet de nous libérer de toute influence du moment en nous mettant au-dessus de l’image que les autres ont de nous. Voilà pourquoi le pardon nous demande de vaincre nos peurs pour nous vaincre nous-mêmes. Je ne saurai terminer sans pardonner toute l’humanité et demander à toute l’humanité de pardonner à son tour et que c’est dans le pardon que nous obtiendrons le Paradis.

KEÏTA AMARA, Ambassadeur de Paix et Conseiller Spécial du Président Exécutif Mondial de l’OIDE, Chargé des Finances et des Investissements.

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