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Togo : Manifestations massives à Lomé après l’arrestation du rappeur Aamron, la rue réclame le départ de Faure et le retour à l’ancienne Constitution



Togo : Manifestations massives à Lomé après l’arrestation du rappeur Aamron, la rue réclame le départ de Faure et le retour à l’ancienne Constitution Togo : Manifestations massives à Lomé après l’arrestation du rappeur Aamron, la rue réclame le départ de Faure et le retour à l’ancienne Constitution

De violents mouvements de contestation ont éclaté dans la capitale togolaise dans la nuit du 5 au 6 juin, en réaction à l’arrestation du rappeur engagé Aamron, figure montante de la contestation populaire. Bien que l’artiste ait été libéré jeudi soir, les manifestations se sont intensifiées ce vendredi, prenant une tournure politique majeure.

Ce vendredi 6 juin, jour symbolique coïncidant à la fois avec la fête de la Tabaski et l’anniversaire du président Faure Gnassingbé, des centaines de jeunes sont descendus dans les rues de Lomé, notamment dans les quartiers d’Akodésséwa, Bè Kpoté, Dékon et autour de la Colombe de la Paix. Les manifestants réclament le rétablissement de l’ancienne Constitution de 1992, récemment modifiée, ainsi que le départ immédiat du chef de l’État, au pouvoir depuis 2005.

 « Nous ne voulons plus de ce régime. Qu’il parte avec sa nouvelle Constitution ! », scandent les manifestants, drapeau togolais à la main.

La contestation a été fortement relayée sur les réseaux sociaux, notamment par des influenceurs et des artistes proches d’Aamron. L’appel à manifester n’est pas venu des partis d’opposition traditionnels mais d’une jeunesse dépolitisée, exaspérée par les conditions de vie, la répression et les réformes institutionnelles imposées sans consultation populaire.

Malgré les appels au calme du gouvernement, des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, notamment au carrefour du Grand Taxi Arrêt (GTA), où des tirs de gaz lacrymogènes ont été signalés. La tension est restée vive tout au long de la journée.

La réforme constitutionnelle adoptée en avril dernier, instaurant un régime parlementaire avec un président élu par les députés — est perçue comme une stratégie pour maintenir Faure Gnassingbé au pouvoir indéfiniment, malgré les engagements antérieurs sur la limitation des mandats.

« On veut le retour à la Constitution de 1992. C’est cette Constitution que le peuple a choisie. Pas une Constitution de palais ! », criaient-ils dans le quartier de Bè.

En réponse à la mobilisation, les autorités togolaises ont mis en garde contre la diffusion de vidéos et contenus incitant à la révolte. Le gouvernement a dénoncé des « appels à la haine et à la violence » sur les réseaux sociaux, précisant que les auteurs de tels actes s’exposent à des poursuites judiciaires.

Ce mouvement du 6 juin marque un tournant dans la vie politique togolaise. Il révèle une jeunesse déterminée à se faire entendre, bien qu’en marge des partis politiques traditionnels. Pour de nombreux observateurs, cette mobilisation spontanée pourrait inaugurer une nouvelle phase de contestation citoyenne, plus radicale, et plus difficile à contenir.

Sébastien Yao


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