Longtemps, la politique africaine a été un théâtre où certains acteurs jouaient des rôles dictés depuis l’étranger. Derrière les discours de souveraineté, les peuples voyaient poindre les fils invisibles de l’influence occidentale, souvent héritée de la colonisation. Mais aujourd’hui, le décor change.
Les citoyens, notamment les jeunes, refusent de plus en plus les dirigeants-perroquets, ceux qui parlent plus pour l’étranger que pour leur peuple. Être perçu comme un sous-traitant des puissances occidentales est devenu un handicap politique, un soupçon difficile à effacer, parfois même un facteur de rejet massif.
La nouvelle conscience politique africaine ne tolère plus les jeux d’ombres. Elle exige des leaders enracinés, souverains, et responsables. Et cela change tout : les alliances, les campagnes électorales, la manière même d’exercer le pouvoir.
Un vieux jeu touche à sa fin. Et les règles ne sont plus dictées à Paris, Londres ou Washington, mais dans les rues de Dakar, Abidjan, Ouagadougou ou Kinshasa.
On connaît la chanson
Combien de fois a-t-on entendu parler de ces valises d’argent entre Paris et certaines capitales africaines ? Des aides discrètes pour une campagne, un "soutien fraternel" pour rester au pouvoir, ou un “retour d’ascenseur” sous forme de contrat ou de silence complice. Cette mécanique a longtemps nourri ce qu’on appelle la Françafrique — ou de manière plus crue : la “France-à-fric”. Des dirigeants africains ont profité de ces liens. D’autres y ont trouvé un raccourci vers le pouvoir. Mais pour l’Afrique d’aujourd’hui, ces deals cachés ont un goût de trahison.
Le pion n’est plus un héros
Hier, être proche des réseaux de l’Élysée ou de la rue Saint-Dominique (siège du ministère français des Armées) pouvait rassurer. Aujourd’hui, c’est devenu suspect, voire honteux. La jeunesse, les élites, les citoyens lambda — tout le monde voit d’un mauvais œil les dirigeants perçus comme des marionnettes ou des relais de puissances étrangères. La perception a changé. Le pion n’est plus un “fin stratège”. Il est vu comme un agent de domination douce, un frein à l’indépendance, un ennemi de l’intérieur.
Les peuples s’éveillent… De Bamako à Ouagadougou, de Niamey à Ndjamena, les manifestations récentes l’ont montré : les peuples veulent reprendre la main. Et cette main-là ne serre plus celle de ceux qui veulent diriger l’Afrique depuis un bureau parisien ou une salle de réception à Bruxelles. La conscience politique en Afrique monte en puissance. Les gens veulent savoir qui parle vraiment pour eux. Qui défend leurs intérêts. Et surtout : qui rend des comptes ailleurs.
La rupture n’est pas toujours sincère
Attention, tous ceux qui crient aujourd’hui à la souveraineté ne sont pas blancs comme neige. Certains jouent la rupture en public mais pactisent en secret. Le pion moderne sait mieux se camoufler. Il parle de “coopération gagnant-gagnant” le jour, tout en négociant son avenir politique le soir, avec ses anciens parrains. Le rejet populaire ne doit donc pas se contenter des mots. Il faut regarder les actes, les choix, les réseaux. L’Afrique mérite des leaders entiers, pas des funambules diplomatiques.
Un peuple qui questionne
L’évolution la plus puissante ? Elle est invisible : c’est le regard du citoyen. Il ne gobe plus les slogans. Il pose des questions. Il fait des liens. Il suit l’argent. Il observe les fréquentations. Il vote, il manifeste, il interroge. Et ça, c’est le vrai changement. Ce regard nouveau met fin à l’impunité morale. Il force les politiciens à choisir leur camp : le peuple ou les parrains de l’ombre.
Demain se décide aujourd’hui
L’Afrique n’est plus une zone d’influence. C’est un continent de décisions. Et les pions d’hier ne seront plus les rois de demain. Le pouvoir ne s’achète plus dans un salon parisien. Il se gagne dans les quartiers, dans les villages, dans les consciences. C’est là que tout se joue.
À l’heure où les consciences s’éveillent, les réseaux néocoloniaux n’ont plus leur place dans le jeu politique africain. Être perçu comme un pion de l’Occident n’est plus un atout stratégique, mais un véritable fardeau, un discrédit difficile à effacer. Les peuples africains réclament des dirigeants libres, crédibles, enracinés dans leurs réalités et porteurs de leurs aspirations. Le vent tourne. Et l’Histoire, elle, n’oublie jamais ceux qui ont choisi leur camp.
Par MEMOUAR D.
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